Usul – Le Journaliste (David Pujadas)

Usul – Le Journaliste (David Pujadas)

Youpi youpi ! Le USUL nouveau est arrivé.

– Attends tu vas me dire que tu vas regarder une émission de plus de 50 minutes sur DAVID PUJADAS ? Je croyais que tu haïssais ce mec.
– Ouai ! carrément, c’est physique je le supporte plus, mais c’est Usul !

C’est qui ce Usul ?

(pour les 3 du fond qui connaissent pas le personnage)

C’est un youtubeur vidéaste. Un mec qui fait des vidéos sur Internet quoi. Il a commencé par une chronique sur le jeu vidéo, le 3615 Usul.

https://www.youtube.com/watch?v=IRYmcJLm2Jw

C’est drôle, intelligent, et je pense que la plupart des chroniques sont intéressantes même si t’as jamais joué aux jeux vidéo.

Quand l’émission s’est arrêtée, il s’est lancé dans « mes chers contemporains » une émission qui analyse notre société, à travers le prisme d’une personnalité. Et ça déchire, pareil drôle, intelligent, on apprend des trucs, et avec un niveau de réalisation vraiment pro.

PujadAAAAAHS

Ah alors ce bon vieux Pujadas, un sujet de choix assurément, et encore une très bonne vidéo.

J’ai jamais été au niveau Djamel ou Luchini, mais je crois qu’au tout début en fait, même si je l’ai jamais regardé tous les soirs, Pujadas je l’aimais bien avec sa gentille tête de playmobile. Et puis autour de 2002 j’ai plus ou moins arrêté la télé. Pas par conviction, juste parce que matériellement j’avais plus de télévision, j’étais étudiant. Et chaque fois que je rallumais une télé j’avais l’impression d’un décalage croissant entre le réel et ce qu’on en montrait.

C’était pas vraiment de la critique des médias façon Bourdieu, juste une intuition. Intuition que j’ai formalisé en 2005 (au moment du soulèvement des banlieues) sous la forme d’une boutade :

« Ah mais moi tu me mets une semaine de JT de Pujadas, je descends dans la rue cramer des bagnoles ».

Et pour autant j’étais politiquement beaucoup (encore c’est un doux euphémisme) moins radical à l’époque que maintenant. Je connaissais vraiment pas grand-chose aux « quartiers », mais je voyais bien qu’un truc collait pas dans la télé, comme une réminiscence du petit frère d’Iam en fait.

Mais en parler au journal tous les soirs ça devient banal
Ca s’imprime dans la rétine comme situation normale
Et si petit frère veut faire parler de lui
Il réitère ce qu’il a vu avant 8 heures et demie

Tout le monde déteste Pujadas

Signe des temps, j’avais récemment musclé un peu ma punch line Pujadas, depuis un peu plus d’un an c’est devenu :

« Ah mais moi tu me mets une semaine de JT de Pujadas, je prête allégeance à l’état islamique, Bismillah ! ».

Mais Usul a raison, le problème c’est pas les personnes, c’est les structures.

En fait, aujourd’hui j’ai poussé un peu plus loin mon analyse. Je sais pourquoi je déteste Pujadas. Pourtant j’ai pas appris beaucoup plus que je ne savais déjà dans cette vidéo d’Usul. Entre mes premières intuitions et maintenant j’ai eu le temps de m’intéresser aux travaux de Bourdieu. Mais ça m’a donné l’occasion d’y re-réfléchir et j’ai compris un truc de plus.

Parce que c’est violent quand même ma réaction à Pujadas, c’est devenu physique, je vois son petit sourire, j’ai des envies de flammes et de violences, alors que normalement je suis pas bien méchant. Alors pourquoi cette violence ?

En fait, il représente un verrou. Si pour certain, confrontés aux abus policiers réguliers, c’est la figure du flic qui apparaît comme le gardien du système et de l’ordre établi. Pour moi, c’est pas le flic, c’est Pujadas. C’était ça cette intuition depuis tout ce temps : il symbolise le verrou qui cadenasse tout le système actuel (et ça rejoint d’ailleurs ce que je disais récemment à propos de l’évolution probable de Nuit Debout).

L’indépendance a un prix

Mais tu vas me dire, c’est cool, maintenant c’est possible de faire un média indépendant, grâce à internet.

Et là attention parce que oui, mais pas n’importe comment. En fait le problème venant des structures, pas des personnes, Internet a aussi ses propres codes et structures qui formatent les possibilités de médias. Et vu que le modèle de financement reste majoritairement la pub, ces structures sont pas franchement indépendantes. Dany Caligula en parle très bien.

Donc oui l’indépendance a un prix et il faut le payer.

Après y’a plusieurs modèles, le payant bloquant. Type mediapart (auquel je suis abonné de longue date): tu n’as accès au contenu que si tu payes. Je pense que c’est nécessaire pour des sites d’infos aussi pointus et réactifs que mediapart.

Mais c’est quand même un peu limitant sur l’audience. Et pour ça, le modèle du prix libre, est vraiment bien. Si un contenu te plaît, tu peux laisser un petit pourboire au créateur, et si tu aimes vraiment ce qu’il fait, tu peux rendre le truc régulier. La comparaison du « pour boire » et vraiment bonne. La question que je me pose avant de tipper c’est :

« Est-ce que si j’avais l’occas, je lui paierai une bière ? une bouffe ? ».

Usul a été le premier que j’ai financé comme ça. Maintenant j’ai élargi le truc à quelques autres, généralement des gens qui refusent la pub dans leurs vidéos et font le pari du prix libre à 100%.

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