Les guerriers du silence, Pierre Bordage
Petite review sur un, enfin plutôt sur trois, bouquins lus récemment : la trilogie des guerriers du silence de pierre bordage.
De quoi ça cause ?
Alors, c’est une trilogie, donc : les guerriers du silence, terra mater, et la citadelle hyponeros, au total un peu plus de 1600 pages, mais globalement ça se lit vite. Quant au genre, personnellement je le catégoriserai plus comme de la Fantasy que de la Science-Fiction (en fait par pleins de côtés, ça me fait vraiment penser à Star Wars).
C’est vrai que c’est censé se passer dans le futur (donc à priori plutôt SF) mais ça se passe dans un temps vraiment lointain, il faut attendre le troisième bouquin (spolier) pour avoir la confirmation formelle qu’on est bien dans une extension de notre monde. Et les enjeux liés à la technologie sont assez peu importants (voire inexistants) vis-à-vis des enjeux surnaturels (qui sont amenés très rapidement).
L’histoire en deux mots : l’humanité a colonisé la galaxie, et s’est organisé en confédération de planètes. Quand soudain, apparaît (sans qu’on sache bien d’où) une race d’humanoïdes bizarres, les Scaythe de l’Hyponéros, qui ont des pouvoirs psychiques pires balaises (à commencer par celui de pouvoir lire dans les pensées des humains).
Voilà, pas vraiment besoin d’en dire plus, t’as compris qu’avec ce genre de pouvoir y’a moyen de mettre un sacré zbeul dans la galaxie.
Un thème central, la corruption des institutions
Au-delà de ce pitch initial, il y a un thème central à la trilogie, et qui réapparaît de nombreuses fois sous différentes formes, celui de la corruption des institutions.
Donc oui la corruption des institutions, des structures, notamment religieuses, qui brident voire persécutent les individus, qui fixent et sédimentent l’esprit humain, qui détournent la pensée et le savoir pour en faire des dogmes, des instruments de pouvoir.
C’est d’ailleurs un des aspects que j’ai bien aimé dans le bouquin, ce thème donne une cohérence d’ensemble (même si parfois ça renforce la prédictibilité du scénario) et il est plutôt bien traité. Je suis pas en accord avec la vision métaphysique proposée par le livre (qui fait la part belle à des sauveurs un peu trop christiques à mon goût), mais elle ne me dérange pas outre mesure pour raconter une histoire, et la partie dénonciation des institutions me correspond bien, se rapprochant peut-être plus d’une philosophie à la Nietzsche (pour ce que j’en connais).
Les trucs que j’ai pas aimés
Globalement j’ai aimé le bouquin, mais du coup je vais commencer par les quelques trucs qui m’ont un peu saoulé, avant de revenir sur les trucs que j’ai trouvé bien cool.
Trop prévisible
Je dirais que c’est mon reproche principal. L’histoire (ou les trois histoires), est sympa, mais par bien des aspects vraiment trop prévisible, surtout pour le premier et le troisième bouquin (du coup mon préféré est le tome 2 : terra mater).
Le premier livre suit une progression héroïque assez classique, donc passé la mise en place de l’univers, c’est assez facile de comprendre où on va, même si il y a quelques petites surprises. Le deuxième reste prévisible, mais avec un peu plus de surprises possible (même si la fin est clairement grillée à des kilomètres, y’a des petites incertitudes sur certains personnages). Et le troisième repose entièrement sur un groupe de personnages « élus », et sur le besoin de clore la trilogie. A partir de là, c’est vraiment pas dur de savoir où ça va, et clairement certains persos sont en mode invincibles tandis que les personnages secondaires sont quasiment condamnés d’office.
Et enfin, histoire d’être sûr de pas avoir trop de surprises, les chapitres sont tous précédés d’un court texte qui donne généralement une vision écrite à posteriori des événements qui vont se passer dans le chapitre. Le côté : voilà ce que l’Histoire retiendra des événements est plutôt réussi et rigolo, mais par contre c’est souvent des gros spoilers.
Donc voilà pour moi c’est clairement un des gros bémol du bouquin, mais il reste malgré tout très sympa à lire, ce qui est peut être encore plus remarquable vu l’absence de surprises (l’histoire est plutôt très bien racontée du coup).
La Science-Fiction
Comme je disais au début, il y a un aspect science-fiction dans le bouquin. Et je dirais que j’ai pas vraiment aimé (mais à force, c’est peut être que j’aime pas vraiment la SF en fait).
Bon déjà le bouquin s’affranchit totalement des connaissances actuelles sur l’univers, a commencer par la relativité générale. Bon c’est un choix, mais je trouve ça toujours un peu dommage. C’est vrai que ça complique un peu les choses, mais c’est pas infaisable (Hypérion ou Les Dépossédés s’en sortaient pas si mal et je suis sur qu’y en a plein d’autres). Et j’ai du mal à considérer un monde comme l’évolution du monde actuel si c’est pas les mêmes règles physiques.
Et après y’a les noms des lieux et des animaux qui sont censé être quelque part des évolutions des noms qu’on utilise aujourd’hui. Si pour les lieux, ça passe relativement bien (planète Syracusa, Franzia, ou Jer Salem) même si ça fait un peu balourd.
Pour les animaux c’est juste nawak : les oursigre, les chatrat, les chienlion etc… A part ces espèces de noms de pokémon en bois, Il y a aucune description de ces bestioles, et perso j’ai une grande difficulté à me projeter et à imaginer un truc. Je trouve que ça nuit au récit plutôt qu’autre chose, pour moi tu remplaces tous ces noms à la con par des noms d’animaux réels, ou par des noms générés aléatoirement que tu décris en deux lignes et le bouquin gagnerait en lisibilité.
Bon évidemment je pinaille, c’est pas une gêne majeur à la lecture du bouquin, mais c’est juste dommage, parce que par d’autres aspects il est vachement réussi et que ces petits trucs ça fait presque bâclé par comparaison.
Ce que j’ai kiffé
Maintenant qu’on a évoqué les petits trucs que je trouve un peu raté, voyons ce qui, pour moi, marche vraiment bien dans le bouquin.
La Fantasy
Un peu paradoxalement par rapport à ma critique précédente sur les animaux, un des trucs que j’ai vraiment beaucoup aimé et trouvé très réussi dans le bouquin, c’est tout le bestiaire fantastique qui y est développé.
Que ce soit les lézards géants de deux saisons, les monagres, les xaxas et les chenilles de feu, les serpents de corail et les serpentaires, les hommes mutants du désert irradié d’Ut-Gen ou évidemment les scaythes. Les bestioles qui sont développées dans le bouquin, et qui ont, à part les scaythes évidemment, un rôle secondaire, sont super réussies.
Elles sont vraiment originales, souvent démesurées et onirique, bien décrites, rigolotes mais cohérentes avec l’univers. Pour moi c’est de très bonnes créatures fantastiques. Du coup c’est d’autant plus dommage qu’il y ai pas trois lignes de description des chatrats et autres créatures mineures parce que si ça se trouve l’auteur avait une putain d’idée.
De la même façon les différents mondes qui sont décrit sont top. Ils sont variés, très bien caractérisés, les peuples autochtones ont tous des cultures différentes, pour certaines vraiment riches, attachantes ou rigolotes. Et ces descriptions apportent un petit côté ethnologie-sociologie plutôt réussi.
Une bonne histoire bien racontée
Comme je le disais plus haut, c’est vrai, c’est pas l’histoire la plus originale ou la plus imprévisible du monde. Mais globalement, rien à dire, ça fait le boulot et c’est vraiment bien raconté, dans un univers riche, sans trop de temps mort.
Du coup bah ça marche pour moi, et les 1600 pages tombent vite, certains trucs sont pas parfait, mais globalement j’ai passé un très bon moment c’est l’essentiel.