Primitive Technology
Voilà une chaine YouTube que j’aime bien : primitive technology.
Le concept
Le concept est assez simple : c’est un mec, qui va dans la forêt et qui essaye de recréer des outils primitifs sans utiliser aucun outil moderne. On va dire que c’est entre le tuto vidéo de survie et l’archéologie expérimentale (mais plus proche dans la démarche du château de Gédelon que de Bear Grylls).
Les vidéos sont toutes assez courtes, autour de 5 minutes, sans sons autres que les bruits de la nature, et accompagnée d’un texte de description qui explique un peu plus ce que le gars a voulu faire, comment il a fait et combien de temps il a mis en vrai (puisque la vidéo est éditée pour passer rapidement les étapes répétitives).
Y’a pas mal de trucs que j’aime bien dans ces vidéos.
Une image d’une vie simple dans la nature
Déjà les délires survies et archéologies expérimentales sont des trucs que je trouve sympa. Le gars se débrouille avec pas grand-chose, et ré-utilise les outils créés dans les premières vidéos (haches, paniers) dans les vidéos suivantes. Y’a un petit côté Robinson qui est plutôt sympa je trouve.
Ce dénuement renvoi à la possibilité, réelle ou fantasmé, d’une vie simple dans la nature sans la complexité artificielle qui compose nos vies modernes. Ça fait un peu chelou, hippie, ou réac, ou quoi dit comme ça, m’enfin bon sans chercher plus loin c’est le plaisir simple du feu de camp, ce que j’appelais ailleurs « la tentation de la cabane ».
Une ode à la puissance humaine
Y’a aussi indéniablement l’ingénieur en moi qui apprécie l’ingéniosité des constructions faites à partir de matériaux basiques. C’est particulièrement le cas sur cette vidéo où on voit la progression entre le début ou il attise vaguement son feu avec un morceau d’écorce et la fin ou il attaque les bases de la métallurgie.
Tout ça donne, je trouve, un sentiment de puissance super fort. Ca met en lumière certaines des capacités, des avantages décisifs, qui permettent à notre espèce de survivre : l’inventivité, l’agilité, la maîtrise des outils. Et quelque part aussi, apparaît en creux, un autre avantage majeur : le langage et la transmission des connaissances, puisque si ce mec arrive à faire tout ça, c’est grâce à l’étude préalable des méthodes traditionnelles dans la littérature.
Le côté paradoxal
Enfin je ne peux pas rester insensible au côté absolument paradoxal du truc :
Un mec se passe de toute technologie pour construire seul les bases nécessaires à la survie humaine, et je le regarde faire, juste pour le fun, à ma pause du midi, à l’autre bout de la planète, en utilisant des systèmes d’une complexité affolante (mon PC, internet, YouTube) ayant demandés des années de dure labeur à un grand nombre d’humains et l’exploitation destructrice de ressources naturelles précieuses.
C’est parfaitement ridicule et c’est une sacrée mise en abîme de l’aventure humaine. Comme disait G.Debord (Houston)
« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation »
PS. Et pour toi qui lis cet article, la mise en abîme gagne un niveau supplémentaire, peut-être que tu devrais te filmer en train de lire cet article, histoire de monter encore d’un niveau.