Eloge de la Plante – Francis Hallé
Il est plutôt rare que je lise des livres de biologie. D’ailleurs à part quelques bouquins de jardinage (mais ça compte pas vraiment) et la lecture de l’Origine des Espèces de Charles Darwin (qui m’avait beaucoup plu) je crois que c’est le seul. Je voulais essayer et j’avais entendu du bien de ce livre là, donc voilà.
Plantes vs Animaux
Je savais pas trop à quoi m’attendre j’avoue. Au final le livre est plutôt bien expliqué avec des dessins rigolos et des petits sous-chapitres court qui peuvent se lire facilement. Bon par contre c’est quand même de la vraie biologie avec des notions pas forcément évidentes (qui rappellent des vieux souvenirs de terminale).
Tout le livre est construit sur une comparaison entre les animaux et les plantes. C’est plutôt complet et ça couvre les différences de formes, d’utilisation d’énergie, de constitution cellulaire, de comportement, d’évolution, et même les différences de perception qu’on en a. Finalement l’occasion d’apprendre plein de choses sur les deux règnes.
Deux façons radicalement différentes d’aborder l’énergie
Je crois que dans les trucs qui m’ont le plus marqué c’est comment, finalement, c’est la différence de sources d’énergies qui semble conditionner presque tout. La photosynthèse pour les plantes, le fait de se nourrir d’autres êtres vivants pour les animaux.
A partir de là, la plante doit maximiser sa surface d’exposition à la lumière. L’animal lui est conditionné par le besoin de récupérer un maximum de nutriment de ce qu’il avale. Il doit aussi maximiser son contact avec les nutriments mais il déploie donc cette surface de contact concentré à l’intérieur. C’est avant tout un volume concentré qui lui permet d’être (à quelques exceptions près) mobile.
Ces différences s’observent aussi au niveau cellulaire, avec des cellules végétales fixes dans l’organisme de la plante et intégrant leur propre source de photosynthèse tandis que les cellules animales se nourrissent en avalant. On devine que ces différences, précèdent l’apparition d’organismes multicellulaire et donc que c’est séparément, en parallèle que les deux lignées végétale et animales ont évolué vers des êtres multicellulaires.
Le domaine de l’étrange
L’autre point qui m’a le plus surpris, c’est la différence de fonctionnement de l’évolution entre les deux règnes. J’aurais vraiment pas pensé que les différences puissent allez jusqu’au mécanismes qui semblent les plus fondamentaux dans l’évolution des espèces. Le fait qu’une plante puisse transmettre à sa descendance des traits qu’elle a acquis dans sa vie est déjà un peu ouf (alors qu’un animal ne transmet que ce qu’il a reçu comme patrimoine génétique, plus ou moins quelques erreurs de copie).
Mais le fait que l’évolution soit à l’œuvre dans la croissance même d’une plante, avec potentiellement une partie de la plante seulement qui chope une mutation et qu’elle peut suivre son propre chemin évolutif (avec sa propre descendance) indépendamment du reste de la plante, c’est totalement pété. En fait c’est carrément la notion même d’individu qui a pas vraiment de sens au niveau des plantes. Ça c’est quand même un mindfuck total.
Franchement quand on voit à quel point les plantes peuvent être tellement bizarre, tellement différentes de nous c’est quand même un peu ouf. On est clairement dans le domaine de l’étrange, franchement y’a des fois pas besoin d’aller chercher le grand Cthuluh pour frissonner, les arbres sont déjà bien assez chelou.
Une réaction au sujet de « Eloge de la Plante – Francis Hallé »
Héhé trop cool. J’ai un pied de romarin qui a des branches de deux génomes différents, elles font pas les mêmes feuilles et fleurs ces connes ! 🙂
Sinon pour commenter sur « alors qu’un animal ne transmet que ce qu’il a reçu comme patrimoine génétique, plus ou moins quelques erreurs de copie », l’épigénétique semble dire qu’une partie est aussi transmise par des trucs de la vie. Voir peut-être https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pig%C3%A9n%C3%A9tique#Codage_%C3%A9pig%C3%A9n%C3%A9tique_et_%C3%A9volution
Bisous !