Le Sentiment du Fer – Jean-Philippe Jaworski

Le Sentiment du Fer – Jean-Philippe Jaworski

Après Gagner la Guerre et Janua Vera, retour au Vieux Royaume de Jaworski avec ce recueil de nouvelles: Le Sentiment du Fer. J’avais beaucoup aimé les précédents (et on peut dire qu’ils m’avaient même grandement motivé pour me lancer dans Grörst). Je suis pas vraiment déçu par ce nouvel opus, pas majeur mais un ajout intéressant au Vieux Royaume.

5 Nouvelles du Vieux Royaume

Le Sentiment du Fer est un recueil de 5 nouvelles (certaines déjà publiées, mais que je n’avais pas lu avant). Qui se déroulent dans l’univers du Vieux Royaume (dont j’avais parlé dans mon article sur Janua Verra).

En short: c’est de la (bonne) Fantasy, avec un univers médiéval-fantastique, où le médiéval est un peu tardif (plus renaissance que haut moyen age) et où le fantastique est assez réaliste (magie peu présente, monde non manichéen).

Les cinq nouvelles ont en commun un thème centré autour d’une importante guerre autour du royaume de Léomance.

Le Sentiment du Fer

La première nouvelle raconte une mission un peu spéciale d’un assassin dans la ville de Ciudalia. Même si ce n’est pas le fameux Benvenuto, on est quand même dans du Jaworski classique pour ceux qui connaissent Janua Vera et Gagner la Guerre.

La nouvelle est assez réussie, avec un certain côté « fan-service ». Alors d’un côté bah j’aime bien, d’un autre bah ça aurait pu être plus original. La fin de la nouvelle m’a un tout petit peu déçu aussi. Le « plot-twist » ne m’a pas semblé hyper crédible.

L’Elfe et les égorgeurs

La nouvelle suit un ménestrel elfe qui traverse la Léomance en guerre et qui rencontre des routiers (des soldats/pillards désœuvrés, pas des chauffeurs poids-lourd hein).

Pour moi c’est le nouvelle la plus efficace du recueil. En très peu de page elle arrive à te plonger dans une histoire, une ambiance et des personnages. J’aime beaucoup aussi sa vision de la magie elfe, élégante, fine, un peu espiègle et étourdissante.

Profanation

Alors là, on suit le jugement d’un pilleur de champ de bataille par les prêtres du Desséché.

Celle ci est aussi très très réussie. C’est surtout dans la superposition des ambiances que se trouve la grande réussite de cette nouvelle. Il y a la tension du procès (où le mec joue sa vie). Il y a le ridicule du personnage et de ses explications foireuses (face à un vieux clergé qu’on devine particulièrement rigide). Et puis il y a l’horreur, des scènes de carnage sur les champ de bataille.

Désolation

Cette nouvelle raconte la traversé d’une ville interdite (pour cause de dragon) par une troupe de nains et gnomes.

Alors le côté extension du vieux royaume est sympa, le « plot-twist » final sur le dragon aussi (même si je l’avais envisagé et j’ai pas été hyper surpris). Mais je trouve que l’intégration et le rythme sont moins bien réussi que sur les autres nouvelles, et qu’au final ces nains sont un peu trop génériques.

La Troisième Hypostase

Enfin on a l’histoire d’une magicienne humaine, gardienne d’une île elfique, et une petite vision de l’implication des elfes dans le conflit en Léomance.

Là encore une des grande réussite est la magie, toujours d’une grande finesse. Après la nouvelle ouvre pleeeeiiinnnn de questions sur la suite. Ce serait d’ailleurs mon seul reproche à cette nouvelle: elle ouvre trop de question, il faut un roman derrière.

Une construction cohérente mais parcellaire

Un truc que j’ai vraiment bien aimé c’est la cohérence de construction de l’ensemble. D’une nouvelle à l’autre on retrouve des éléments communs:

  • Un sujet commun : Il y a d’abord ce sujet commun sur la guerre en Léomance. A chaque nouvelle on gagne un peu plus d’information sur le conflit, vu à chaque fois selon un point de vue différent. Chacune de ces petites touches de couleur fini par raconter une histoire (malheureusement incomplète). J’ai beaucoup aimé cet aspect là qui rappel clairement le très bon World War Z (le livre évidemment pas le film).
  • Ouverture – Fermeture: Un autre aspect assez réussi c’est la dernière nouvelle (avec le focus sur les elfes) qui répond quelque part à la première, clôturant un cycle cohérent.
  • Plot twist: Chaque nouvelle suit la même construction, avec un « plot-twist » final. C’est plus ou moins réussi d’une nouvelle à l’autre mais en tout cas c’est sympa dans l’idée.
  • Un Monde et un vocabulaire: Enfin il y a la marque de fabrique de l’auteur: un monde très sympa (qui fait partie de mes inspirations pour Grörst) et un vocabulaire super riche qui crée des ambiances très efficaces.

Au final, un bon petit (trop petit?) bouquin. Encore une fois le principal reproche serait qu’il ouvre trop de bonne pistes. Mais du coup je dirais que la bonne nouvelle c’est que Jaworski n’en a manifestement pas fini avec le Vieux Royaume. J’imagine qu’il y reviendra une fois son cycle des Rois du Monde terminé (d’ailleurs celui là il est évidemment dans ma liste « à lire »…).

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