Les Grecs – De la paix d’Apamée à la victoire d’Actium – Claude Vial
On revient à la série « Nouvelle Histoire de l’Antiquité » (présentée ici et là) pour aborder le Tome 5 : Les Grecs de la paix d’Apamée à la victoire d’Actium.
Le Livre
Donc oui, après avoir lu les Tome 1, 2, 3, 4 puis un petit saut au 7, retour logique (ou pas) au 5.
Pour ceux qui ont pas suivi les épisodes précédents. On est sur une série de livres académiques et synthétiques présentant à chaque fois une période et une couverture géographique finalement assez large.
Globalement j’aime bien cette série de livre, qui apporte une vision d’ensemble et traite une histoire assez complète (qui ne se résume pas à juste une histoire politico-militaire, mais intègre des questions culturelles et sociales).
Le livre est assez dans la même vaine que les précédents (et donc plutôt cool). Le principal reproche que j’aurais (et qui est global sur la série) et que même si il y a des cartes, elles sont parfois un peu limitée et j’ai pas forcément tous les noms de lieux en tête (surtout qu’on parle des noms antiques des régions d’Asie mineure) mais on finis par s’y faire.
La période, les lieux, les institutions.
La période couverte (188 à 31 AEC) est globalement la même que pour le livre 7 (qui couvrait de 218 à 31 AEC), mais cette fois avec un focus sur le monde Grec plutôt que sur le monde Romain.
Les Grecs ?
La notion de monde Grec ici doit être comprise pas comme une zone géographique forcément bien définie, ni encore moins comme une notion ethnique, plutôt comme une notion culturelle. Font partie du monde Grec, ceux qui vivent comme les Grecs.
Et c’est quoi vivre comme les Grecs ?
Alors, en gros:
- Parler grec (c’est mieux)
- Vivre plus ou moins sur le modèle de la cité (ou en tout cas lui accorder une certaine importance)
- Vénérer des dieux Grecs (au moins certains), et participer à des fêtes religieuses communes avec d’autres Grecs.
- Accorder une importance à l’éducation « à la Grecque » : avoir un Gymnase et des compétitions athlétiques, des écoles de Philosophie, etc.
Tout ça se répartit en gros sur la Grèce continentale, mais aussi la Turquie actuelle, le pourtour de la mer Noire, la Syrie et le proche orient, et jusqu’en Egypte avec Alexandrie (même si le royaume des Lagides est pas vraiment traité en détail dans ce livre).
Cités, Confédérations et Royaumes
Au niveau organisation on trouve en gros trois cas de figure:
- Des cités: sur le modèle traditionnel de la cité antique grecques: la cité état indépendante qui contrôle un petit territoire autour d’une ville, et fait éventuellement la guerre à ses voisines. Ces cités sont dirigée de façon plus ou moins démocratique ou oligarchique (assemblée, magistrats, citoyens, etc.). Sur la période ce sont des puissances mineures d’un point de vue politique et militaire, mais parfois des puissance culturelles (Athènes, Alexandrie).
- Des confédérations: En gros des cités qui se sont réuni en confédérations pour peser un poil plus lourd. Ça reste des puissances moyennes, mais elles peuvent espérer peser un poil plus sur l’échiquier politique.
- Les royaumes: Ce sont les royaumes héritiers plus ou moins directes du royaume de Macédoine de Philippe et d’Alexandre. Si il fonctionne finalement comme n’importe quel autre royaume de l’époque, ils se considèrent comme Grecs et aime bien se voir en bienfaiteurs des cités libres. Du coup ils financent des fêtes, des temples et des gymnases dans les cités libres. Ce sont des puissances moyennes à importantes.
L’Histoire vue par les vaincus
Ce qui est sans doute le plus intéressant sur cette période et cette couverture, c’est que pour une fois on a un petit peu la perspective des vaincus de l’Histoire (ce qui pour cette période est plutôt rare).
Une série de défaites
En effet, sur la période, les Grecs en prennent plein la tronche et vont, face à la puissance de Rome, de défaite en défaite:
La fin des séleucides
La période s’ouvre déjà sur la Paix d’Apamée: les romains viennent de mettre une branlée aux Séleucides. C’est un moment marquant parce qu’à partir de là, Rome devient clairement la superpuissance qui décidera pour les autres des frontières de l’Orient et agira en arbitre ultime.
Avec la paix d’Apamée les Séleucides sont en gros virés d’Asie Mineur. L’arrivée à l’est des Parthes quelques décennies plus tard va finir de les achever.
La fin des antigonides
Autre royaume issue de l’époque d’Alexandre, les prochains à disparaître sont les Antigonides. Ils tentent un peu de se rebeller contre Rome en s’alliant avec une bonne partie de la Grèce continentale.
Mais ils prennent eux aussi une raclée signant la fin de leur dynastie remplacée peu après par la province Romaine de Macédoine. C’est la première « province » dans le coin, et c’est qu’un début.
La fin du royaume de Pergame
A la suite du retrait des Séleucide, c’est le Royaume de Pergame qui avait pris (avec le support de Rome) l’ascendant sur l’Asie Mineure. Au passage, il finançait et supportait pas mal de cités Grecques, contribuant clairement à leur prospérité.
Oui mais voilà le roi de Pergame était un peu joueur, et il avait fait un testament léguant le royaume au peuple romain. J’imagine qu’il avait fait ça pour dissuader ses proches de souhaiter sa mort, et qu’il se disait qu’il aurait le temps de changer le truc sur ses vieux jours.
Mais voilà il est mort sans rien changer… et Paf a plus de royaume de Pergame; bonjour la province romaine d’Asie (les romains ont du bien rigoler en lisant le testament).
La fin du royaume du Pont
Dernier gros challenger pour la cause des Grecs : Mithridate VI Eupator. Il lancera une mega rébellion des Grecs contre Rome. En commençant proprement : un massacre coordonné des citoyens romains résidant dans les cités Grecques. Blam, le jour dit, à l’heure dite, vous me tuer tout le monde, femme et enfants compris (80000 à 150000 morts quand même). Le genre de truc qui te pose bien (et surtout qui assure que tes alliés seront un peu obligé d’être fidèles).
Il faudra plusieurs guerres à Rome pour s’en débarrasser du Mithridate. En n’oubliant pas au passage de biiien se venger du massacre sur les cités grecques.
Alors plusieurs guerre nécessaire ça peut sembler pas mal, on se dit que Mithridate posait peut être enfin une résistance valable face à Rome… Et puis après on se rappelle qu’en fait pendant la même période, Rome faisait aussi face à une méchante guerre civile (Marius vs Sylla) et à la grande révolte d’esclave de Spartacus. Du coup c’est limite si le Mithridate ils l’ont calmé facile avec une main dans le dos.
L’orient comme champ de bataille
On pourrait se dire qu’au moins une fois que les romains aurait tout conquis proprement, bah au moins les Grecs pourraient profiter de la fameuse Pax Romana.
Bah non. Pas d’bol. Les romains se sont en effet dit qu’après tout le coin était pas mal pour se foutre sur la gueule. Du coup ce sera un territoire de prédilection pour les futures guerre Civile: Entre César et Pompée, puis entre Octave et Marc Antoine.
Une autre vision du rôle de Rome.
Si le livre 7 (La République Romaine) de la série donnait une vision très centrée sur Rome et ses enjeux politique interne. On a ici une vision très différente du Romain.
Balaise militairement, les romains apparaissent surtout comme des gros crevard coloniaux qui débarque chez leurs voisins grecs pour tout piller, soumettre les cités à des tributs exorbitant, leur proposer de régler via des emprunts à des taux d’usuriers, et tabasser tout le monde quand ça paye pas assez ou pas assez vite.
Ca fait un peu relativiser le côté « philhellène » des Romains… Même ceux qui devait réellement apprécier la culture Grecques devait être vu par les grecs comme des gros barbares un peu relou (et surtout vachement dangereux) qui venaient s’approprier leur culture et risquaient à tout moment de tout péter.