Janua Vera – Jean Philippe Jaworski
J’avais découvert Jean Philippe Jaworski en lisant « Gagner la Guerre », j’avais bien aimé et du coup je voulais poursuivre un peu plus loin. J’ai donc lu Janua Vera, un recueil de nouvelles de Fantasy qui se passe dans le même univers. J’ai bien kiffé, peut être même encore plus que Gagner la Guerre, je vais essayer d’expliquer pourquoi.
Le pitch
Commençons par expliquer en gros de quoi que ça raconte. Bon j’en dirais un peu plus au fur et à mesure, mais faisons quand un même un petit point sur le pitch:
Donc en gros, c’est de la fantasy, médieval fantasy, assez classique. Un univers « fin du moyen age », avec un peu de magie mais pas trop et principalement des humains. Et on a 10 nouvelles, plus ou moins longues, qui présentent différents aspects de l’univers et différents personnages (à priori sans trop de rapport entre eux).
L’univers
L’univers, le « vieux royaume », je dirais qu’il est honnête. Ouai, honnête c’est le mot qui me vient, pas incroyablement dingue, c’est relativement classique mais bien construit et avec quelques trucs cools qui ressortent un peu (notamment les religions ou la ville de ciudalia).
Dans les points intéressants je note sa volonté de faire cohabiter du médiéval assez traditionnel (le seigneur dans son château avec les gueux à la campagne) avec du médiéval un peu plus « tardif » (une cité état) et des tribus barbares. Il y a aussi un peu de profondeur dans l’univers avec une histoire longue, des légendes et des terres lointaines un peu mystérieuses. C’est pas incroyablement développé comme du Tolkien ou surprenant comme du Damasio, mais c’est efficace.
Pour les aspects fantastiques, c’est relativement light. On se concentre principalement sur les humains (à priori d’autres races existent mais au moins sur cette partie de l’univers, les humains sont très largement majoritaires). Il y a pas vraiment de monstres mentionnés, et si il y a de la magie, elle reste toujours relativement light aussi (pas trop de grosses boules de feu)
La carte
Bon ca reste un putain de mystère pour moi. Il n’y a pas de carte (officielle) du monde.
Pourtant la géographie est clairement très très bien développée dans le bouquin. Ca semble vraiment cohérent, bien construit… Mais comment, comment il a fait pour écrire un truc pareil sans carte ? ou alors c’est un petit cachottier et il veut pas nous la montrer… je pige pas. Mais c’est troublant. (update: c’est un petit cachotier, des cartes détaillées existent, et il les garde pour lui, source)
Enfin point super appréciable, je trouve que la toponymie est super réussie, il y a un vrai effort pour avoir des noms de lieux qui ont pas l’air d’être de mauvaises refrappes de noms « terriens » (cf ce que je disais sur Les guerriers du Silence).
Les personnages
Au niveau des persos, c’est du bon boulot également. Ils sont bien bien caractérisés, là aussi c’est pas ouf dingue mais très sympa quand même. Il y a un côté humain très fort, avec des personnages un peu complexes et non manichéens, c’est appréciable.
D’ailleurs globalement on est dans un monde non manichéen. Je crois que je préfère ce type de Fantasy à celle qui tranche entre les gentils d’un côté, et les méchants de l’autre et qui devient vite gnangnan et très chiante (il faut le talent d’un Tolkien pour pondre un monde aussi tranché que la terre du milieu et en faire un tel chef d’oeuvre).
Bon on tombe pas non plus dans l’autre extrême, on est pas chez George RR Martin, et heureusement, pas besoin de tuer un perso toutes les 30 pages dans une mort atroce pour nous faire comprendre qu’on est pas dans du conte de fée et que le monde est complexe.
Les nouvelles
Les histoires sont bien variées, il y a un peu de tout, et c’est très appréciable, du plus épic, du plus conte, de l’aventure, du plus horreur. J’ai vachement apprécié cette diversité. Mes 2 préférées:
- « Mauvaise Donne » bien sûr, ou on retrouve Benvenuto Gesufal, le perso principal de « Gagner la Guerre » (il est attachant le bougre).
- Et « Une offrande très précieuse », qui est là aussi quelque part un prequel à Gagner la Guerre, puisqu’on retrouve deux persos (Cecht et Dugham) mais j’ai surtout aimé le fait que ça rajoute une dimension très originale et touchante à un perso qui semble sinon très commun. Je dirais que c’est vraiment ma préférée celle là.
J’ai vachement aimé le format du bouquin. Des nouvelles pas trop longues, je trouve ça plus sympa qu’un gagner la guerre que j’avais pu trouver un petit poil long. Mais je crois que c’est moi qui me lasse de plus en plus facilement des romans et qui les trouve trop long, là ou plus jeune je kiffais ça.
Enfin c’est rare que je le note sur un bouquin, mais là j’ai vachement apprécié le vocabulaire. Peut-être que pour une raison quelconque j’y ai fait plus attention sur ce livre, alors que ça m’avait pas marqué à ce point dans Gagner la Guerre. Le vocabulaire est clairement très riche, et j’ai trouvé ça très agréable à lire, avec une grande capacité à faire naître des images et des ambiances dans ma tête.
Un livre qui donne envie
Bref au final j’ai vraiment bien kiffé ce bouquin. Je pense que j’en lirais d’autres du bonhomme. Il a notamment d’autres histoires dans le vieux Royaume, et surtout un cycle de Fantasy-Celtique qui à l’air d’envoyer du pâté.
Mais surtout, ça m’a donné envie de rejouer et de ressortir mon univers de Fantasy perso. Sa Ciudalia, elle me rappelle sacrément mes républiques de technomagies, et quand je lis ça j’ai sacrément envie de replonger. Bon j’ai pas trop les moyens de m’offrir le temps nécessaire à ces conneries, mais un jour, il faudra que j’en fasse quelque chose de tout ça.
D’ailleurs pour ceux qui peuvent pousser l’expérience plus loin. Jaworski est avant tout un auteur de Jeux de Rôle, donc si on prend la peine de chercher on trouve pas mal de ressources complémentaires sur l’univers et même des scénars complets à jouer dans le Vieux Royaume.
3 réactions au sujet de « Janua Vera – Jean Philippe Jaworski »
Salut. tout comme toi je suis fan de cet univers et du style de Mr Jaworsky. Merci pour la carte que tu proposes. Si je puis me permettre, je m’interroge quant à son exactitude (même approximative) sur certains points : les roches brisées et le mont dolorossus ne devraient pas se trouver là où tu les situe, sinon, comment expliquer les ravages des landes grises et l’arrêt des troupes du désséché à Bourg Preux alors qu’il empêchait le ralliement des armées de Ciiudalia et de Bromaël. De plus Chrysophée a été bâtie pour surveiller les roches brisées.
Merci encore de permettre d’échanger sur le sujet
amicalement
Cédric
Salut!
En effet la carte est à minima approximative. Si jamais tu connais une carte plus juste, je suis preneur.
Je ne suis pas l’auteur de cette carte, je l’avais trouvé en ligne sur le site que j’ai indiqué en légende de l’image (http://magamance.picturapoesis.com/) mais qui ne semble plus disponible maintenant.
Il faudrait prendre le temps de relire tous les récit du vieux royaume en notant méthodiquement toutes les infos topographique pour faire une vrai carte… mais bon j’ai à peine le temps de lire, alors relire, ça attendra.
Merci pour le commentaire ça fait toujours plaisir.
Grain.