Berezina – Sylvain Tesson

Berezina – Sylvain Tesson

J’ai découvert Sylvain Tesson il y a quelques années avec l’axe du loup, un récit de voyage à pied de la Sibérie à l’Inde. J’ai depuis lu pas mal de ses récits de voyages, quelques nouvelles et autres textes. Il y a des trucs que j’aime plus ou moins mais globalement le mec écrit quand même très bien. Aujourd’hui un petit compte rendu de lecture sur un livre que j’ai tombé en 2 jours.

Le voyage

D’habitude Sylvain Tesson est plutôt adepte du voyage « by fair means » comme il dit, c’est-à-dire sans véhicule motorisé. Mais ce coup-ci il fait une entorse à ses principes avec un voyage en vielle moto russe et sidecar. Le projet est de refaire la route de la retraite de Russie, de Moscou à Paris, en plein hiver.

Les principaux challenges rencontrés en route sont donc le froid (j’avoue vu comme je me gêle le fion en scoot en hiver dans le sud de la France, je respecte la débilité de faire des heures de moto par -15°c). Mais aussi la circulation, et sans doute un peu aussi la quantité d’alcool ingurgité entre les étapes.

L’histoire

En parallèle du récit de voyage moderne, l’auteur nous refait les différentes étapes de la campagne de Russie (enfin surtout la retraite quoi). Bon même si je connais moins bien le sujet qu’il y a 20 ans, j’ai encore de beaux reste en histoire napoléonienne donc j’ai pas appris grand-chose mais c’est toujours sympa à lire:

La boucherie de Borodino, l’attente à Moscou, la retraite qui part en couille, le général hiver, la victoire inespérée de Berezina, l’héroïsme suicidaire des pontonniers, le retour en ordre dispersé vers la France… par contre c’est assez « léger » (ou simplement très réac) comme analyse historique (tl;dr: l’Empereur était trop génial, il voulait faire l’Europe et la méritocratie…).

Du coup il me reste un petit gout de malaise à la lecture de ce livre. Je ne suis pas hyper à l’aise avec la glorification du récit napoléonien. Pourtant ce n’est pas un gros scoop pour ceux qui me connaissent ou qui lise mon blog, j’aime l’Histoire en tant que discipline académique. J’aime aussi beaucoup le souffle épique qu’il peut y avoir dans certaines histoires (et l’épopée napoléonienne y est clairement propice).

Mais je trouve que le sujet reste, pour un Français, et même 200 ans après, beaucoup trop politique. Si on veut écrire un récit épique il y a d’autres histoires plus neutres. Et si on veut s’intéresser à cette histoire il vaut sans doute mieux le faire dans une perspective plus scientifique et critique, moins héroïque.

Impressions

Est-ce que j’ai aimé ? oui. J’ai passé un bon moment. Le livre m’a accompagné pendant deux jours, mode lecture intensive. En plus avec 39-40 de fièvre (petite grippe), je dirais que ça rajoutait à l’ambiance un peu folle et hors du temps. Les aller-retours entre la horde dépenaillée des grognards en retraite d’un côté et les soulards zigzagant à moto entre les phares des camions de l’autre s’accommode fort bien des frissons enfiévrés.

Je ne partage pas forcément le point de vue de l’auteur sur l’épopée napoléonienne, mais quoi qu’il arrive, je trouve qu’il écrit quand même super bien, ça se lit bien et c’est toujours un plaisir.

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