L’univers, les dieux, les hommes – Jean-Pierre Vernant
Aujourd’hui on parle mythologie avec le livre l’univers, les dieux, les hommes de Jean-Pierre Vernant. Un petit livre facile à lire et assez cool sur les grands mythes grecs, écrit par un spécialiste.
Raconter et expliquer les mythes
L’auteur présente le livre comme une volonté de raconter simplement quelques-uns des grands mythes grecs. C’est plutôt réussi. Ça se lit bien et on fait le tour de pas mal de grands mythe, de la cosmogonie à la guerre de Troie, en passant par les mythes de Prométhée, Persée ou Œdipe ou encore l’arrivée de Dionysos à Thèbes.
De ce point de vue c’est à mon avis une très bonne introduction aux mythes grecs si on les connait peu, et sinon une redite assez agréable d’histoire qu’on a déjà entendu milles fois (mais c’est le propre d’un mythe).
Et plus encore l’auteur s’attache à tenter de nous fournir des explications sur ce que pourrait vouloir dire ces histoires. Là où cette partie explication est vraiment réussi, c’est qu’elle est bien intégrée au récit, jamais trop lourde. C’est vraiment fait en douceur, joli taf de vulgarisation.
Un monde unique et différent
Ce que je trouve intéressant dans ces vieux mythes, c’est que même s’ils nous sont très familier, ils nous ouvrent tout de même une autre façon de voir, une autre perspective que la perspective dominante.
Le plus flagrant est sans doute la primauté des concepts d’ordre et de chaos sur ceux de bien et de mal. Clairement les dieux grecs ne s’embarrassent pas de savoir si leurs actes sont bons ou mauvais. Ils agissent simplement selon leurs intérêts et pour établir ou conserver un ordre.
Du coup ça simplifie aussi bien des choses, on évite le vieux dilemme insoluble des religions monothéistes : si Dieu est bon et tout puissant, pourquoi a-t-il créé un tel monde de merde.
Le mythe de Prométhée montre ainsi que si les hommes doivent manger, maîtriser la technique et l’agriculture, se reproduire, souffrir et mourir, c’est surtout pour établir un ordre, une séparation entre les dieux, les hommes et les bêtes. Il n’y a pas de péché originel, c’est juste comme ça et c’est tout.
Après ça n’en fait pas pour autant un exemple absolu, clairement la place faite aux femmes dans les mythes est difficilement compréhensible. Mais c’est juste bon de voir une autre conception du monde, à la fois si proche et si différente.
Des dilemmes moraux à vocation universelle
Les mythes sont aussi l’occasion de plonger dans des dilemmes moraux qui pour le coup semblent avoir une certaine universalité.
La guerre contre les géants, montre par exemple l’émergence du chaos dans une société organisée par le biais de sa jeunesse. La classe d’âge des jeunes qui remets en cause l’autorité, l’ordre établi, amenant le désordre dans l’olympe.
L’arrivée de Dionysos à Thèbes parle de l’accueil de l’autre, de notre rapport à la différence, à l’étranger et peut être à la folie. Ulysse nous parle de la mémoire et de ce qui nous définit : revenir aux sources ou les oublier. Achille du choix entre une vie simple, longue et heureuse, ou flamboyante, inoubliable mais très brève. Bref les grandes aspirations de l’humanité
Au final on trouve dans ces mythes une articulation entre ces notions qui semblent assez universelles et les particularités étranges et spécifiques des sociétés dans lesquels ils ont été formulés.