Tout sur l’Economie (ou Presque) – Heu?reka
Tout sur l’économie, vaste programme ! J’ai déjà eu l’occasion de parler ici même de la chaîne YouTube Heu?reka, et comme j’aime bien son travail j’ai acheté son livre pour essayer d’en retenir un peu plus.
La science économique
Alors, comment dire… la science économique. Mon point de vue dessus n’est pas hyper neutre et pourrait se résumer à :
Est-ce que ce machin existe vraiment? légitimement ?
Un avis ‘légèrement’ biaisé
Donc avant de parler du livre et de ce que j’en ai retenu, je me sens obligé de faire un petit détour sur mes à priori sur la discipline.
Si je caricature un peu mon point de vue, ça serait de dire que les économistes sont:
- Infoutus de faire des prédictions valables au-delà de trucs évidents
- Diviser en différentes factions, avec des points de vue radicalement différents et irréconciliable, chacune se réclamant être la seule véritable.
- Utilisés par un camp ou un autre pour justifier des choix politiques fait à priori.
Bref, ça placerait la « science » économique quelque part entre l’astrologie, l’homéopathie et la religion, au rayon des pseudo-science, des fausses bonnes idées et des charlataneries.
Une part de curiosité
Alors pourquoi lire ce livre me direz-vous ?
Et bien déjà, parce qu’au-delà de la caricature et de l’attaque facile, je me dis qu’il y a peut-être quand même quelque chose à apprendre ou à sauver.
Et puis ca à l’air important, je veux dire si on a vraiment des clefs pour comprendre tout ce merdier qu’est l’économie et la finance, bah ça pourrait peut-être nous aider quoi.
Alors comme Heu?reka explique plutôt bien en vidéo, j’ai décidé de lui laisser sa chance en livre.
Une part de faiblesse
Après notez bien : Les vidéos d’Heu?reka, me donne l’impression, lorsque je les écoutes, d’être assez logique et censée. Mais j’imagine qu’il doit exister d’autres discours, défendant d’autres théories économiques radicalement opposé qui me semblerait aussi logique si je les écoutais.
Et bien que voulez-vous, je fais comme tout le monde, je suis une feignasse et j’écoutes les économistes qui vont dans le sens de mes intuitions politiques.
Bref j’abordais la lecture de ce livre avec un peu de curiosité et pas mal de réserve sur la discipline et surtout sur mes propres limites.
Vraiment tout sur l’économie ?
Alors d’abord, globalement le livre est plutôt facile à lire et à comprendre, et illustré par de très jolies infographies. On retrouve bien le style de la chaîne Heu?reka et c’est plutôt un gros plus. Maintenant voyons le contenu.
L’argent dette
Le livre s’ouvre sur la question de la création monétaire. D’où vient l’argent.
Bon, on se dit que ça semble un peu foufou qu’on ne sache pas vraiment répondre à une question qui semble simple. Il doit bien y avoir un Jean-Michel Imprimante qui appuie sur un bouton pour faire de nouveaux billets.
Mais manifestement ça ne fait pas consensus puisque le livre nous présentes 3 théories de la création monétaire. Les deux premières sont refusées comme étant soit fausses soit incomplète, et le livre assure donc que la troisième est la bonne.
Donc en gros : la monnaie est créée par les banques (« normales » pas « centrales ») à partir de rien. C’est de la dette pure. Les taux directeurs donnés par les banques centrale fixe vaguement des limites à la création monétaire, mais c’est plus un « maximum » de monnaie à créer, qui n’est pas obligatoirement créé par les banques.
Chaque nouveau prêt auprès d’une banque va créer de la monnaie. Chaque remboursement détruit de la monnaie (et du coup il ne faudrait pas se mettre à trop rembourser…).
Voilà, bon encore une fois les arguments présentés dans le livre semblent convaincants et c’est présenté comme étant l’état des connaissances scientifiques. C’est aussi une prémisse importante pour le reste du livre (pas mal de chose en dépend). Mais du coup, j’imagine que certains économistes ne seraient peut-être pas d’accord ?
L’origine des crises : Crise de la demande et crise de l’offre
Le livre s’attaque ensuite à expliquer l’origine des crises économiques : crises de la demande et crises de l’offre.
Crise de la demande
Une crise de la demande c’est quand il n’y a plus assez de demande (logique) : en gros les gens ils perdent la confiance, ils arrêtent d’acheter, et de toute façon les banque leur font plus de crédit. L’économie s’assèche et c’est la merde.
C’est le schéma de crise assez « classique » d’une crise boursière. L’évolution du marché boursier (qui se fait majoritairement sur l’échange de titre « d’occasion ») a très peu d’impact direct sur l’économie réelle. Mais quand tout le monde se met à paniquer dans le grand casino boursier, la frilosité des banques va toucher tout le monde et déborder très largement dans l’économie réelle.
Bref comme d’hab en gros : quand tout va bien, les spéculateurs se mettent bien entre eux, et quand ça chie c’est tout le monde qui nage dans la merde.
Crise de l’offre
L’autre type de crise c’est quand c’est la production qui n’arrive pas à suivre. Les produits se raréfient, les prix augmentent, l’argent ne circule plus, les produits importants manquent vraiment et c’est (aussi) la merde.
On est un peu moins familier de ce type de crise, mais on ne devrait pas tarder à s’en rappeler puisque des effets comme une pandémie globale, ou l’impact du changement climatique devrait logiquement nous ramener rapidement vers ce type de crise (youpi!).
Ne pas craindre la dette et Ne pas craindre l’inflation
Face à ces crises, l’enseignement principal du livre est de ne craindre ni la dette, ni une possible inflation. Et donc d’utiliser la planche à billet massivement.
D’après le livre l’inflation ne serait qu’assez peu liée à la création monétaire. Ou du moins, le lien ne serait pas direct et immédiat. Et on devrait pouvoir se permettre de balancer du pognon un peu plus largement qu’actuellement, sans se faire déborder immédiatement par une hyper-inflation.
Le fait que depuis des années la BCE n’arrivent pas à atteindre ses objectifs d’inflation de 2% (bon c’est entrain de changer de sens, mais c’est principalement dû à une crise de l’offre) alors que les taux directeurs sont à 0 et qu’elle rachète quantité d’actifs sur les marchés financiers, aurait effectivement tendance à indiquer que le lien entre taux directeur et inflation n’est pas bien maitrisé.
Du coup la recommandation générale serait : plutôt que de balancer du pognon dans les marchés financiers qui tourne en boucle sans aucun effet sur l’économie réelle, suivre une approche assez Keynésienne : lancer des grands investissements publics en utilisant la planche à billet pour financer, bah par exemple la transition énergétique.
Vu comme ça, ça semble simple et faisable (en laissant un peu de côté les dogmes Européens).
Tout va bien on a la solution, mais personne pour l’appliquer.
Bon alors génial on a tout compris à l’économie.
Maintenant bah c’est con hein l’élection de 2022 va se jouer à qui sera le plus facho. C’est dommage.
Alors je ne sais pas si je veux croire que oui l’économie fonctionne vraiment comme ça et que du coup c’est hyper frustrant d’avoir des solutions que personne ne veut appliquer.
Ou alors me dire qu’en fait on n’en sait pas grand-chose et qu’en toute honnêteté faudrait au moins que je lise le même bouquin écrit par un néo-libéral pour me faire une idée et voir s’ils débunk des trucs à l’approche néo-keynésienne.
Mais bon, les deux perspectives sont également déprimantes. Donc je vais retourner peindre des figurines pour oublier que le monde existe.
Finance et économie réelle
Enfin, la partie probablement la plus intéressante du livre se trouve à la fin. Elle présente un petit cours sur la finance, la bourse, les actions, obligations, les produits dérivés, et pourquoi et comment des fois ça chie bien dans la colle.
Sans doute la partie la moins « idéologisée » du livre, parce que décrire les mécanismes de fonctionnement des différents produits est déjà intéressant.
Au final, cette partie du livre est utile pour se faire une idée de comment ça marche, et choper un peu de vocabulaire.