Le Haut-Empire Romain en Occident – Patrick Le Roux

Le Haut-Empire Romain en Occident – Patrick Le Roux

Aujourd’hui, on reste sur le sujet des romains, mais sur une époque postérieure à celle de mon armée DBA. On parlera donc du Haut-Empire, d’Auguste aux Sévères, à travers le livre de Patrick Le Roux que j’ai terminé récemment.

Le Livre

Ce bouquin fait partie de la collection « Nouvelle Histoire de l’Antiquité » que j’ai commencé il y a quelques années et dont j’ai déjà parlé ici, ou . Comme les autres bouquins de la série, il est plutôt pas mal, avec un panorama se voulant assez large : histoire politique et militaire, mais aussi économique et sociale.

Bon par contre, j’ai été quand même un peu déçu par celui çi. Peut être parce que je connaissais déjà la période un peu mieux (pour avoir lu « Le Haut Empire », de Paul Petit, il y a quelques années). Et donc parce que j’ai eu moins de « révélations ».

Mais aussi parce que j’ai trouvé que très souvent, la réponse aux questions est :

« On sait pas trop, c’est compliqué, c’est pas partout pareil, c’est pas tout le temps pareil, il faudra plus de recherche ».

Et je veux dire, c’est ok, c’est de l’histoire académique et je veux bien entendre la complexité. Peut être que l’époque présente trop de diversité pour faire une synthèse sur tout les sujets étudiés. Mais du coup l’exercice de synthèse perd un peu de son intérêt.

L’époque

Alors du coup qu’est-ce que j’en retiens ?

L’apogée de l’empire

Bon viteuf, la période du Haut-Empire, c’est souvent considéré comme l’apogée de l’Empire Romain. C’est là qu’il sera le plus étendu, même si en réalité il s’agrandit moins sur cette période que sur l’époque républicaine. En gros pour la partie occidentale, on ajoute la Bretagne (l’ile, pas la région des galettes saucisse) la Germanie, et la Dacie.

Roman Empire Map At Its Height, Over Time - Istanbul Clues ...

C’est aussi l’époque des Empereurs les plus connus : Auguste, Néron, Hadrien, Marc Aurèle etc. Le livre ne s’attarde pas trop sur ces figures (un peu plus évoquée dans le livre de Paul Petit), mais en gros j’en retiens que ceux qui ont bonne réputation était moins bon que ce qu’on en a dit, et que ce qui ont mauvaise réputation était moins mauvais que ce qu’on en a dit.

Bref l’empire rayonne et n’a pas d’égal à l’ouest. Il est libre d’imposer son modèle de développement, et celui-ci se répand : c’est la romanisation.

Un ailleurs

L’autre point que je retiens, c’est que le monde romain des premiers siècles de notre ère est très différent du nôtre.

Les modèles sociaux, les structures, les normes sont différentes des nôtres et il n’est pas possible de calquer nos façon de penser facilement sur cette époque.

Alors c’est évidemment vrai pour les trucs les plus visibles : les structures politiques ou religieuses. Mais plus largement aussi :

L’empire romain n’est pas vraiment un état ni une nation. L’économie n’y est pas tout à fait archaïque, ni capitaliste. L’état intervient dans l’économie, mais on ne peut pas vraiment parler de politique économique claire.

Bref, ça rejoint un peu le point « c’est compliqué » que j’évoquais plus haut. Et en ça, le livre est intéressant aussi (même s’il y a un côté un peu pénible à faire une synthèse qui décrit finalement plus souvent ce que l’Empire n’est pas, plutôt que ce qu’il est).

Rome : Un modèle et une armée

Alors au final, je vais tenter ma propre synthèse pour dire un peu plus ce que cet Empire pouvait être. Cette tentative est basée sur la lecture du bouquin, mais reste personnelle (comme le reste de ce qu’il y a sur ce blog, c’est avant tout du travail d’amateur non qualifié).

Donc l’histoire de l’Empire Romain en Occident aux 1er et 2nd siècles, c’est l’histoire de l’extension de la romanité. Le territoire est globalement déjà conquis et il n’y a pas de puissance capable de rivaliser sur cet horizon occidental. Donc le modèle romain est peu à peu adopté dans les territoires occupés.

Le modèle : La cité et l’empereur

Il faut donc d’abord tenter de définir ce modèle culturel romain.

Le point central semble en être la cité. Pas la ville hein, mais bien la cité, au sens politique, avec donc la ville, son aire d’influence locale et ses institutions.

Rome considère que son modèle de cité est le meilleur puisqu’il s’est imposé au monde, et elle compte donc le dupliquer sur l’ensemble de son territoire.

Cela se fait à travers les colonies (initialement fondé pour y établir des citoyens romains, et notamment les vétérans), des municipes (des communautés locales élevés progressivement à un statut proche des villes romaines), ou même de cités pérégrines (c’est-à-dire non romaine).

L’échelon primordial est donc cet échelon local, organisé selon le modèle romain : un collège des décurions (équivalent du sénats) qui élit des duumvirs (équivalent des consuls). Et ces cités jouissent d’une grande autonomie tant qu’elles versent l’impôt.

L’administration romaine semble donc assez souple. Quant à l’Empereur, il semble avoir souvent un rôle d’arbitre, auquel les cités peuvent faire appel. C’est aussi une figure unificatrice au travers du culte impérial qui sert de point d’unité entre les différentes communautés et qui se superpose aux cultes déjà existant.

Les légions : la présence de Rome

Voilà en gros pour le modèle. Maintenant comment se diffuse-t-il ?

Et bien d’abord évidemment les légions ont un rôle important, elles sont la présence de Rome sur son territoire. C’est d’autant plus vrai pour les régions frontalières où il y a mécaniquement plus de légion de stationnées.

Mais les effets devaient aussi se faire sentir sur tout le territoire, puisqu’un des rôles principaux de l’administration romaine dans les provinces « calme » devait aussi être d’assurer la logistique et le ravitaillement des légions situés dans les provinces « chaudes ». Et évidemment, quand il y avait des résistances locales un peu trop forte à l’adoption du « Roman way-of-life », on pouvait compter sur la force (d’autant plus que les cités évoquées plus haut avait tout du modèle romain… sauf, évidemment, le droit d’avoir une force armée).

Les élites : compétition civique

Et l’autre point sur lequel on pouvait compter pour adopter et propager le modèle ce sont les élites locales. Celles-ci étaient mise en compétition pour les charges municipales, puis pour celles qui réussissait le mieux l’ordre équestre puis sénatorial. Rome a dû en convaincre plus d’un de vivre à la romaine en perspective de cette potentielle ascension sociale (même si elle prenait plusieurs générations).

Et ces élites avaient un rôle essentiel pour le développement de leurs cités : seule Rome percevant l’impôt, les cités ne pouvait compter pour se développer que sur les revenus du domaine communal et la générosité de ses membres les plus riches.

Cette compétition entre les élites poussées à s’investir pour la communauté pour gagner du statut social faisait directement parti du modèle romain de cité. Et c’est sans doute un élément qui a eu un rôle clef dans la diffusion de la romanité.

Une apogée ? les limites du modèle ?

SI cette période constitue une apogée, c’est qu’après ça commence à chier non ? Alors quels sont les problèmes en fin de période ?

Et bien d’après ce que je comprends, c’est presque que la romanisation a presque trop bien réussie. Il n’y a pas de facteur de chute clairement identifié sinon la taille de l’empire et la difficulté à concilier les différents intérêts : le Sénat de Rome, les Provinciaux qui payent l’impôt, et les Armées aux frontières qui font face à une pression constante.

Difficile d’être partout pour l’Empereur et on peut imaginer que ça ouvre la voix à pas mal de prétendant locaux pour devenir Empereur à la place de l’Empereur, mais ça c’est pour la période suivante…  

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